Artiste autodidacte, née à Accra (Ghana). Son travail est passé par
différentes phases sombres ou solaires mais il ne cesse d’explorer
les mêmes questions :
l’abandon, la maternité, l’identité.
L'humain toujours
Des corps simples, des visages tout juste esquissés, un geste qui nous relie au corps qui peint. Gifty Amma Potukyan fait danser l’anatomie humaine jusqu’à la distorsion. C’est un rite corporel, pour elle, d’une inéluctable nécessité.
La facture est tendue, épurée, sans décoration ni effet. La peinture lisse, distribuée en aplats puissants d'une matière légère. Cette simplicité, presque économe, atténue la brutalité de l’expression qui n'en est que plus intériorisée. La couleur sobre, tout en noir et gris avec quelques couleurs très intenses participe de cette retenue. Cette peinture allie l'expressivité et la délicatesse.
Maternités troublantes, têtes monoculaires, esprits, revenants, les personnages flottant dans l’espace du tableau nous plongent dans un monde où se dissout toute certitude et s’abolissent les frontières du temps et des cultures, un monde magique.
Jour après jour Amma peint, oubliant le temps, comme lorsqu’elle courait avec ce père qu’elle a aimé même si se l’avouer serait trahir. Un homme dont elle a hérité sa force et sa fierté.
Il aura fallu des dizaines d’années et des rencontres marquantes avec des peintres pour qu’Amma Ohenewaa se donne le droit de livrer ses toiles au regard des autres, le droit d’exister en tant qu’artiste. L’enfant qui n’aurait pas dû naître assume pleinement aujourd’hui son nom et sa vocation.